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11 février 2016 4 11 /02 /février /2016 10:53

http://www.mikiliweb.com/opinion-sassou-mokoko-la-tectonique-des-plaques

Opinion : Sassou-Mokoko, la tectonique des plaques

Un comité d’accueil pour le moins belliqueux, sauvage, a ponctué le retour au pays de celui qui s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle du 20 mars prochain, le Général Jean-Marie Michel Mokoko

Les Duellistes, un film de Ridley Scott. Quiconque a vu ce film fera certainement un parallèle entre les protagonistes du film et deux Généraux du Congo, Sassou et Mokoko. L’un cherche en permanence l'affrontement, tandis que l’autre le fuit sans cesse. Mais pour combien de temps encore? Comme dans le film, l'affrontement final aura bel et bien lieu. Retour en arrière : dans les années 80, le Général Sassou aurait tenté de faire supprimer le Général Mokoko, en qui il voyait un rival dangereux. En vain. De tout temps, Sassou a toujours cherché noise à Mokoko mais, ce dernier, mesuré, a toujours battu en retraite, sans doute par tactique. Alors, l’heure de l’affrontement final est arrivée. Cette fois, Mokoko est prêt à en découdre avec celui qu’il ne porte pas dans son cœur. D’ores et déjà, le rapport de force a changé de camp : jamais déclaration de candidature n’a emporté autant d’enthousiasme et d’adhésion. Si Sassou dispose de la force militaire, de l’appareil d’Etat, Mokoko, lui, a la plus puissante des armes : l’opinion. Oui, Mokoko plaît du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est, et cela ne plaît pas à Sassou. Du coup, il ne reste plus à Sassou que l’option de violenter Mokoko et ce sera la faute fatale.

Entre les deux hommes, ça a toujours été une question de rapports de force, lequel a toujours balancé en faveur de Sassou, car président de la République, régnant par la force, la terreur. Mais atteindre Mokoko n’a toujours pas été une sinécure pour Sassou, tant Mokoko dispose d’un réseau puissant à travers le monde et protégé. « Quelle sottise que d’envoyer des sbires à Maya-Maya accueillir Mokoko, sachant qu’il a des soutiens dans plusieurs capitales du monde », peste un officier de l’armée, sous couvert d’anonymat. Et de poursuivre : « Cet acte fait passer Mokoko pour une victime du régime et cela le rend d’autant plus populaire qu’il va augmenter son capital sympathie. »

Les urnes seules suffiront-elles à arbitrer ce combat du siècle ? Pas si vite. Sassou reste un lion coriace et ce serait une faute de jugement que de le sous-estimer. D’autant qu’il chérit plus Mazarin que Machiavel : c’est la quatrième de couverture de Bréviaire des politiciens qui éclaire sur les deux hommes Italiens : « Pour ce qui est des préceptes de gouvernement, on peut faire confiance à l’homme qui, sachant gagner les bonnes grâces des puissants, a su éliminer ses ennemis, accéder à la première place et la conserver, pendant deux règnes, jusqu’à sa mort. On trouvera donc en ce Bréviaire - suite de maximes et de prescriptions qui jalonnent l’action de l’homme public - une " leçon pragmatique " qui peut, aujourd’hui encore, constituer le vade-mecum de tout homme de pouvoir. " Contrairement à Machiavel, Mazarin n’est pas un théoricien. Lui importe avant tout l’efficacité. Il ne s’encombre ni de morale, ni, il faut bien le dire, d’équité. Mazarin nous donne une splendide image de l’obtention du pouvoir grâce à la pure et simple manipulation du consensus. " Et, pour reprendre quelques préceptes de Mazarin, Denis Sassou Nguesso simule et dissimule ; Il fait d’autant moins confiance à personne qu’il s’entoure toujours de ceux qu’il manipule à l’envi. Mokoko a évité l’emprise de Sassou.

Néanmoins, dans la mesure où il apparaît comme l’espoir du renouveau, Mokoko devra être pointilleux dans sa stratégie de l’affrontement final. Sassou, même au crépuscule de sa vie politique (il a 78 ans et non 73 ans comme on le rabâche au quotidien), demeure nocif, toxique. Ses dents restent longues et incisives ; son venin est encore partout. Il est capable de simuler un coup d’Etat et accuser ainsi Mokoko, ce qui le sauverait une fois de plus. J3M ne devra pas répondre à la provocation de Sassou avant le jour de l’affrontement : il est favori ; sauf bêtise de sa part, il remportera l’élection présidentielle. Dans un sondage réalisé ce mercredi 10 février au Marché Total et à celui de Poto-Poto, neuf Congolais sur dix voteront pour Mokoko ; idem au Camp de la Milice où le soutien des militaires lui est total. A contrario, deux Congolais seulement sur dix voteront pour Sassou. Encore que ce choix n’est pas définitif. Sassou est loin d’avoir une base électorale solide.

Le charisme seul ne fait pas un chef d’Etat. Il faut, au préalable, une conjoncture favorable. Aujourd’hui, la conjoncture est favorable à Mokoko pour son combat du siècle, face à Sassou !

Bedel Baouna

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