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27 janvier 2016 3 27 /01 /janvier /2016 14:40

Opinion : Sassou-Nguesso, l’imparfait du présent ou le futur imparfait

Après son coup de force constitutionnel, le président devenu illégitime du Congo, Denis Sassou Nguesso, a été investi candidat à la mascarade présidentielle du 20 mars prochain, par les ouailles du Parti congolais du travail.

Chacun s’y attendait : le suspense n’a jamais existé dans la tête des Congolais à ce sujet. La surprise eût été que Sassou ne fût pas candidat. Mais, au pays des églises de réveil, les ouailles ne peuvent contester ni contrarier le gourou, c’est la raison d’être des sectes, à l’instar du PCT (Parti congolais du travail). Le style même de l’annonce de cette investiture en dit long sur l’état d’esprit des ouailles du PCT. Pondre un simple communiqué pour un événement de cette importance relève d’une faute de communication inexcusable. Il eût fallu la présence du gourou lui-même au conclave de son parti : il ne pouvait se réfugier dans ses habits de président au-dessus des partis politique puisqu’il n’est plus légitime. Qu’à cela ne tienne !

Une énième candidature, pour quoi faire ? Quel sens donner à cette candidature ? Ces deux questions reviennent instinctivement sur toutes les lèvres. On en rigole. Qui, en 2016, peut encore croire aux mots de Sassou, aussi profonds soient-ils ? Certes on ne tire pas des leçons du passé, tant les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets ! Mais le passé peut nous servir de lanterne sur le présent et le futur. Et, au regard du passé de Sassou, il n’est qu’imparfait. Lequel imparfait se perpétue en 2016 et, sans aucun doute, le sera dans le futur. Non, cet homme qui a privilégié la géographie au détriment de l’histoire, plaçant les membres de son clan ou de son coin à la tête de tous les postes stratégiques ; cet homme qui a fait du Congo « un pays très différencié », torpillant du coup la « revanche de l’abstrait sur le concret » pour reprendre Julien Benda qui appelait à « faire triompher les idéaux abstraits et désintéressés : la vérité, la justice, la raison, la liberté intellectuelle et sociale » en opposition à « la tendance à l’action, la soif du résultat immédiat, l’unique souci du but, le mépris de l’argument, l’outrance, la haine, l’idée fixe » qui caractérise les politiques ; cet homme qui a fait justement de son pouvoir une abstraction et un concept ; cet homme qui a fait de l’eau et de l’électricité au Congo un luxe alors que pas moins de sept cours d’eau arrosent Brazzaville pour ne citer que le cas de la ville-capitale ; cet homme-là ne peut représenter le futur parfait. Il ne peut plus s’amender, ni réaliser en cinq ans ce qu’il n’a pas fait en quarante ans.

Il n’y a que Les Dépêches de Brazzaville, ce quotidien qui se pâme de tout et de rien, pour voir en Sassou l’homme du futur parfait. Sans Sassou, pas de paix, nous dit-on. Une escroquerie politique. Contre qui le Congo a-t-il été en guerre ? Ce qui s’est passé en 1997-1998 s’apparentait plus à un affrontement meurtrier, dans une partie de la capitale, entre milices mafieuses, qu’à une guerre civile au sens strict du terme. Sassou est le seul président au Congo qui n’a jamais été victime de coup d’Etat. La raison ? Il a toujours été sinon le cerveau de ces coups d’Etat, du moins l’une des parties prenantes. Les troubles, Sassou les adore, pour apparaître ensuite celui qui est à même de les éteindre. Un pompier-pyromane, donc.

Dans son éditorial de ce mercredi 27 janvier, le quotidien écrit : « … dans la liste des missions assignées au futur gouvernement figurera en bonne place, voire même en première position, la jeunesse avec ses ambitions et ses attentes, ses craintes et ses espoirs ». On tombe des nues. Ce n’est que maintenant que la jeunesse sera enfin la priorité ? Et le quotidien d’ajouter : « Nation jeune le Congo, grâce à ses nouvelles générations, a tous les ressorts nécessaires pour s’imposer en dépit de sa taille modeste comme l’un des pays les plus dynamiques du continent. Encore faut-il qu’il se décide enfin à donner à sa jeunesse la place qui lui revient naturellement dans la société. » Le dynamisme du Congo ne se reflète que dans la tête des journalistes des Dépêches de Brazzaville. Le dynamisme du Congo ne profite qu’à Sassou et à son entourage proche. Cet homme demeure le problème du Congo et ne peut incarner la solution.

Bedel Baouna

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