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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 10:29

 

 

Et un jour, Sassou fut splendide

L’honnêteté intellectuelle suppose que l’on exprime clairement, donc sans fards ni chichi, ce qui est beau. L’expression de la beauté, qu’elle vienne de Dieu ou de Satan, répugne en effet à la paraphrase ou la phraséologie stéréotypée.

Denis Sassou Nguesso s’est livré à un acte d'une beauté indéniable. De quoi s’agit-il en fait ? A-t-il renoncé à se représenter en 2016 ? Raté ! A-t-il décidé de diviser le coût de la vie au Congo par 3 ? Erreur. A-t-il séduit politiquement Rachida Dati, laquelle a séjourné récemment à Brazzaville? Sottises! Non, rien de tout cela. Pas de Questions pour un champion, allons droit au but : le 10 juillet dernier, le Chef de l’Etat a reçu en audience la pétillante Yamina Benguigui, ministre française de la Francophonie. Elle était porteuse d’un message de François Hollande. Rien n’a filtré de leur entretien mais, ce qui a frappé les esprits, nos esprits, c’est la beauté de la photo mise à la Une par Les Dépêches de Brazzaville dans leur édition 1779 du jeudi 11 juillet 2013. Une merveille. Cette photo, nous l’avons décortiquée, analysée et commentée, cinq jours durant. La conclusion est que cette photo restera dans les annales culturelles du Congo, si tenté qu'elles existent. Sur ce cliché, Sassou lamine la pétillante Yamina Benguigui, presque intimidée. L’ex homme des masses y arbore un costume croisée bleu à cheval entre le bleu de Berlin et le bleu minéral (comme à son habitude). Il est chaussé d’un Richelieu glacé à mort.  La jambe gauche sur la droite, ses chaussettes subliment son « réglage ». Oui, là où un sapélogue aurait porté des chaussettes bleues ou jaunes, Sassou, lui, tel un Sapeur incontesté, opte pour des chaussettes parme, une couleur certes secondaire, mais symbole de la nuance, de la joie intérieure et, parfois, de l'ascèse. Bravo pour le mariage des couleurs achevées. Seul hic, la couleur de la pochette est noyée, comme une fille orpheline.

On reconnaît un dandy congolais à son flegme inébranlable mais aussi à son raffinement intemporel. Sobre sans pour autant être trop sage, ses tenues ne dérogent jamais à la règle vestimentaire de base : toujours chic, jamais excessif. Et le 10 juillet 2013 restera une date historique pour Sassou dans cette grandiose philosophie. Sassou a fait du Bruno Itoua, le seul politique au classicisme anglais incontestable (tout autre ministre qui se targuera d'être un dandy, est un malade mental).

Yamina Benguigui, sur cette photo, apparaît comme une enfant chez une nourrice et qui pleure ses parents. Un pantalon noir aux pattes d’éléphant, une veste rebelle et un chemisier vert. Une catastrophe que seul un sapélogue détient le secret. Preuve de son manque d’assurance, elle ne croise pas ses jambes. En réalité, il manque à Yamina Benguigui l’élégance de Christine Lagarde et l’assurance de  Najat Vallaud-Belkacem. Mais Yamina Benguigui a l’avantage du sourire puissant, qui se déploie comme un papillon. Ses beaux cheveux tombent toujours sur ses épaules.

Quoi qu’il en soit, cette photo aurait mérité d'être présentée dans un musée. Hélas ! Le Congo ne dispose d’aucun musée… Qu’à cela ne tienne ! L’on voudrait tant que le jour de ses adieux à la nation congolaise, en 2016, que Sassou soit vêtu (et non soit habillé, car le sapeur se vêt et que le sapélogue s’habille) de la sorte. C’est le seul cadeau qu’il pourra léguer à la postérité, après avoir manqué, quarante ans durant, le train du patriotisme.

Bedel Baouna

 


Présidentielle 2016 : la tentation de la rue

La présidentielle de 2016 arrivant au grand galop, les experts en stratégie de Sassou passent des nuits blanches pour trouver la meilleure stratégie possible.


Paraphrasons un journaliste burkinabé : au commencement était l'article 57 de la Constitution de 2002 - un texte taillé par un homme et pour un homme. Il stipule : « Le Président de la République est élu pour sept ans au suffrage Universel direct. Il est rééligible une fois ». En 2016, cet article pourrait s'arrêter à l'adjectif "rééligible". Le "Une fois" serait supprimé. Comme au Burkina Faso. Justement, les experts en stratégies de Denis Sassou Nguesso veulent imiter leurs amis burkinabé. En 2014-2015, les stratèges congolais envisageraient de mettre les gens dans la rue. Leurs partisans manifesteraient au quotidien pour demander un nouveau mandat pour Denis Sassou Nguesso, afin d'achever le "Chemin d'avenir", un projet inachevé et qui ne le sera pas en 2016. Mais les stratèges ne sont tous pas naïfs ; ils mesurent bien les risques. Ils savent que les opposants radicaux à Sassou n'attendent que cet instant, eux aussi, pour mobiliser pour leurs troupes. L'affrontement ne sera pas loin. Le Congo sombrera, alors, dans le chaos. Certes le rapport de force balancera en faveur du pouvoir ! Mais les capitales occidentales ont déjà, implicitement, prévenu Sassou : le moindre faux pas lui sera fatal. "A la moindre goûte de sang qui coulera à partir de 2014, Sassou rejoindra son ami Bozizé au sud Soudan", raille un journaliste européen, spécialiste de l'Afrique, et qui connaît bien le Congo. Et l'homme sait de quoi il parle... 

Mais on est encore loin de 2016. Non, Sassou n'est pas Bozizé. Ce dernier a commis un crime gravissime, il aurait fait supprimer un franc-maçon, en la personne de l'opposant Charles Massi (lire l'article de RFI sur Bozizé lâché par ses frères). Sachant que la majorité des opposants et journalistes congolais sont maçons, le président ne fera pas cette sortie de route ignoble : il dégagera illico presto. " Notre homme (Sassou) ne se le permettra pas, il se mettra à dos tous les francs-maçons du monde, comme Pinochet et Bozizé", ironise un dignitaire de la franc-maçonnerie française. "En 2009, le journaliste Bruno Ossébi est mort. il n'y aura plus d'autres Bruno Ossébi", martèle un journaliste africain de Londres.

Quelle stratégie et pédagogie adopter pour 2016 ? Cette question taraude les stratèges congolais, au point que chaque jour qui passe est une défaite sur le plan de la Communication. Et, l'on est tenté de dire qu'il reste peu de temps pour résoudre cette quadrature du cercle.  

Bedel Baouna     

 

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