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18 août 2016 4 18 /08 /août /2016 20:13

Les 13, 14 et 15 août derniers, Sassou et ses supporters se sont déplacés à Madingou dans la Bouénza, où ils ont fêté les 56 ans d’accès à l’indépendance du Congo. Du moins de son incurie congénitale. Fête réussie, mi-figue mi-raisin, échec total ? Chacun ira de ses impressions. Pour notre part, une question nous préoccupe : depuis 1960, le Congo a-t-il pondu ne serait-ce qu’un seul grand-homme ? Convoquons Hegel dont on sait que le thème du grand homme a été au coeur de sa philosophie de l’histoire, surtout le rapport du grand homme entre liberté et finitude. Quel est son rôle et quel rapport entretient-il avec son peuple ? Pour le philosophe allemand, le grand homme est celui qui inaugure une nouvelle période de l’histoire, en fondant l’État ; il est l’homme du tournant ; il est essentiellement novateur. Un homme qui, par extension, naît des circonstances exceptionnelles.

Les hommes politiques congolais ont-ils été novateurs, des hommes du tournant ? Ont-ils crée l’Etat ? A ces questions, il est sinon impossible, du moins difficile, de citer un nom ou des noms pour la postérité. Non, ne nous emmerdons pas avec des paraphrases ou autres figures de réthorique. Hormis le domaine littéraire, domaine dans lequel le Congo a connu deux grands hommes, en l’occurrence Tchicaya U’Tamsi et Soni Labou Tansi, notre pays ne connaît pas d’autres noms susceptibles d’être « panthéonisés », et pour cause, 56 ans après l'accès à la prétendue Indépendance, l’Etat congolais est une faillite pathétique ; c’est un Etat privatisé et aux mains d’un clan qui ignore même la définition d’un Etat. L’école, la santé, la sécurité, sont autant d’exemples qui montrent de l’action politique et de son sens au Congo.

Alors pourquoi fêter l’indépendance du Congo ? A y regarder de plus près, Denis Sassou Nguesso (puisque son règne aura été le plus long) fête plus ses magouilles qu’autre chose. C’est l’occasion pour lui, en narcissique pathologique qu’il est, d’afficher ses muscles – il fallait voir les militaires qui l’encerclaient - ; l’occasion pour lui de compter les chefs d’Etat qu’il vassalise.

Pendant ce temps, en face il n’y a personne pour le bousculer. Mais c’est parce qu’il se sera aussi donné les moyens de neutraliser tous ceux qui pouvaient lui faire de l’ombre dans son règne. Sous Sassou, il n’existe pas d’homme d’Etat mais d’hommes de l’Etat de Sassou.

Jean-Marie Michel Mokoko seul apparaît aujourd’hui comme celui qui a osé répondre à sa conscience et à son destin d’homme d’Etat. Nul doute que s’il avait été soutenu, il aurait changé le cours de l’histoire au Congo : oui, il aurait été l’homme du tournant, un homme novateur.

Bonne semaine à tous !

Par Gwladys Mindouli GMI

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