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15 novembre 2015 7 15 /11 /novembre /2015 12:11

http://www.mikiliweb.com/opinion-meme-vulnerable-la-france-reste-un-grand-pays

Opinion : Même vulnérable, la France reste un grand pays

IL y a des commentaires qui donnent le tournis ; il y a des raccourcis qui donnent l’envie de crier à la folie… La tragédie qui a sidéré Paris dans la nuit de vendredi à samedi, avec plus de 128 morts, mérite plus une réflexion philosophique que de banals commentaires du café de commerce ou du métro.
La violence, quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne, a-t-elle un sens ? Dans quelle mesure la violence est-elle une réponse à la violence ? La guerre contre Daesh est-elle une « guerre juste » ? Qu’est-ce « qu’une guerre juste » ? Toutes ces questions, entre autres, devraient nous interpeller et nous faire réfléchir, au lieu de nous embarquer sur une pirogue de platitude langagière.
Dans le RER B ce samedi, au lendemain des massacres qui ont eu lieu à Paris, trois Congolaises y voient la réponse de Dieu à François Hollande pour avoir soutenu le Chef de l’Etat congolais, Denis Sassou Nguesso, dans son référendum illégal du 25 octobre dernier. On a envie de vomir tripes et boyaux. C’est dire à quel point la passion dépouille la personne humaine de toute raison.
Non, il n’y a aucune commune mesure entre le terrorisme dont est victime la France et la dictature dont souffrent les Congolais chez eux. Le terrorisme sévit aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de son terreau ; la dictature asphyxie les populations sur un territoire donné. Ce qui s’est passé ce vendredi soir, à Paris, dans les 10 et 11 èmes arrondissements ainsi qu’au Stade de France, aurait bien pu se passer dans un café fréquenté par les Congolais. Qu’en auraient pensé les trois voyageuses ?
Le terrorisme, dans sa folie, ne distingue pas les races ni les statuts ; il tue tout le monde. Les premières victimes du terrorisme, ce sont d’abord les musulmans qu’on amalgame avec les fanatiques islamistes.

Ce samedi, le quartier Barbès à Paris était, pour ainsi dire, désert. D’habitude si vivant, le quartier avait des airs d’absence. Les visages étaient comme paumés, comme si chacun craignait d’être frappé à son tour. A la Gare du Nord, les visages étaient inexpressifs. On ne se bousculait pas pour monter dans le métro ligne 4, en direction de la Porte de Clignancourt. Sur les Quais 41-43 et 42-44, les regards semblaient s’éviter, comme si le diable était partout. Du côté de Saint Lazare, trouver plus de cinq personnes dans la rue, relavait du miracle. La Tour Effel, elle, ressemblait à une belle dame délaissée, comme manquant de magie.
C’est que le moment est grave et qu’il ne prête pas aux commentaires futiles, fussent-ils déversés sur les Réseaux sociaux. « Le terrorisme n’a qu’un visage partout où il se manifeste, celui de la barbarie absolue. C’est le côté universellement tragique de l’existence humaine. Nul ne saurait s’en accommoder si ce n’est celui qui en lui a déjà tué l’humanité. Hélas, le tragique est tapi dans la civilisation. L’avance problématique de celle-ci est fonction du retard sur le temps de celle-là. Ne baissons donc pas les bras », a réagi le philosophe congolais Charles Zacharie Bowao.

Tout homme digne de ce nom doit être concerné par ce carnage dont la ville-lumière a été victime. C’est l’homme épris de valeurs universelles qui a été atteint par cette barbarie. La France a une vocation universaliste, celle de protéger et d’approfondir les valeurs de démocratie, de respect de la vie humaine, partout où ces valeurs sont menacées. Elle ne doit pas renoncer à sa mission, en dépit des embûches. On reconnait un grand pays à sa capacité à résister à la tentation du repli sur soi, et non à sa facilité de verser des larmes face au drame.
La barbarie de la nuit de vendredi 13 novembre 2015 a frappé la France, mais elle ne l’a nullement anéantie. La France vaincra.

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